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Souvigny - Paris : Août 2006
Voici en un seul petit voyage, tout ce qu'il ne faut pas faire si vous voulez arriver entier.

Souvigny en Allier. Il se passe ici un festival infernal qui nous ramène dans les temps obscurs des moines clunisiens. C'est un magnifique village plongé pendant 2 semaines au coeur du moyen-âge avec ses troubadours, chevaliers, gueux et autres chimères.
Le passage des gueux
Les elfes.
Une ambiance de fête dyonisiaque... Il y a du ricard pour tout le monde.
C'est ici que je rencontrai tour à tour les chevaliers locaux et une bien étrange créature...
Une bête assoiffée de sang
Les chevaliers reçoivent quelques ambassadeurs étrangers

Mais ce n'est pas le tout. On rigole, on rigole mais moi demain je bosse. Il est 18 heures. Erreur numéro un : il est déjà tard mais comme je suis un expert quand même et vu que Souvigny n'est qu'à 300 kms de Paris, je me dis que je vais bien y arriver.
Dimanche 18 heures, km 0, sortie du village (temps: 0 heures). Je me place tranquillement à la sortie du village et très vite je suis embarqué pas des jeunes qui rentrent sur Moulins. Ils sont déchainés. Voilà un excellent présage pour la suite. Je vais vite déchanter.
Ils me déposent à un endroit plutôt bucolique où les voitures circulent très lentement.
La première voiture
Une place bien sympathique
Bien sûr, l'endroit est chouette mais personne ne s'arrête. Je reste planté là deux heures... avec le soleil qui décline dangereusement.
Dimanche 20 heures, km 12, Moulins (temps : 2 heures).
Alors je tente de m'aventurer un peu plus loin mais je tombe sur une voie rapide très difficile d'accès. Je décide de rebrousser chemin et viens me poster à la même place. C'est alors que deux types bien imbibés m'invitent à monter. Deuxième erreur, je monte.
La conduite de ces hurluberlus est dangereuse, plusieurs fois ils manquent de tamponner les voitures de devant. En me tendant une bière, ils dirigent leur embarcation à la sortie de Moulins et après un rond-point, je leur explique qu’ils peuvent me laisser là, c’est idéal pour continuer la route. Et voilà qu’ils me réclament un pack sous pretexte qu’ils m’ont rendu service ! Mon voisin direct deviendrait même un peu agressif. C'est la première fois que je vois ça. Je sors mon porte-monnaie (troisième erreur) qu'ils me chipent des mains. Alors, je dois faire preuve de toute ma persuasion pour le récupérer en m'énervant juste ce qu'il faut. Je m'en sors en leur abandonnant 2 euros. Je descends.

Dimanche 21 heures, Km 15, Sortie de Moulins, direction Nevers (temps: 3 heures).
Les types ne redémarrent pas. Ils doivent préparer une contre-attaque. Mais je reste serein en laissant la colère m'envahir, prêt à en découdre. Finalement ils repartent sur Moulins. Mais que fait la police?
Alors enfin je suis embarqué coup sur coup par deux sauveurs, travailleurs du bâtiment tous les deux.
Ouf...
on avance...

Merci à tous les deux. L'espoir revient. On passe devant le circuit de Magny-Court. Après un week-end Tuning, des milliers de voitures s'échappent du lieu avec l'aide de toutes les forces de police et de gendarmerie de la région, ce qui explique que Moulins, le temps de cette hémorrhagie mécanique, devienne une zone de non droit. Je me dis que je pourrais peut-être descendre ici puisque les voitures roulent au pas. Mais ces importantes forces de sécurité ont vite fait de m'en dissuader. Je suis déposé à l'entrée sud de Nevers. Un endroit idéal... a priori.
Dimanche 22 heures, km 65, entrée A77 Nevers Sud (temps: 4 heures).
La nuit commence à tomber, ça craint vraiment. Surtout que cette entrée n'est pas bonne. Personne ne prend cette autoroute. Au contraire, toutes les voitures que je voie sortent du tuning et me dévisagent méchament. Il y en a beaucoup avec le crâne rasé dans des bagnoles impossibles. Ah si j'étais dans une station-service seulement, ce serait plus simple. Justement, me dis-je, il me semble que j'ai vu un panneau un peu plus tôt indiquant une station à 5 kms. Je tente le tout pour le tout. A tout casser, il doit rester 4 kms. Je vais courir sur l'autoroute jusqu'à la station. Avec de la chance, les flics, trop occupés, ne me verront pas. Alors, je me mets à courir derrière la glissière de sécurité sur un simili trottoir de vingt centimètres de large. Quatrième erreur. En plus, je suis en sandales, cinquième erreur. Au bout de 2 kms, mon pied accroche un caillou et je m'étale de tout mon long dans cet espace réduit.
Je me relève tant bien que mal, couvert de sang, et ça fait mal. Sixième erreur, j'ai oublié d'emmener avec moi une bouteille d'eau, ce qui m'aurait permis de me désinfecter. Ma ceinture cassée, je suis obligé de tenir mon pantalon avec une main en tentant de courir encore afin d'atteindre le plus vite possible cette maudite station.
Soudain, un convoi de la gendarmerie me passe devant mais ils n'ont pas le temps de s'arrêter. Je souffle un peu. Alors une voiture s'arrête en plein milieu de l'autoroute. Je lui fait signe de se ranger un peu mieux pour éviter un drame avec tous ces bolides lancés à toute vitesse. L'homme me demande si je vais bien. Je le remercie en entrant dans la voiture. Alors je constate que la station n'était pas à 5 kms comme je le croyais mais à 50 kms! Septième erreur. Et pas la moindre.
J'ai eu très chaud. Malheureusement, il ne va pas à Paris mais dans la Meuse. Je l'accompagne dans une station de supermarché où il n'y a personne et avec sa bouteille d'eau, je nettoie mes plaies au pied, aux coudes et au poignet. Puis il me ramène vers l'entrée de l'autoroute. La nuit est tombée.
Dimanche 22h30, km 80, entrée A77 Pougues-les-Eaux (temps: 4 heures 30).
Les voitures, rares, viennent de deux côtés lancées à plus de 70km/h. Très mauvais.
Je vais me poster derrière un panneau triangulaire pour être vu des deux côtés de la route grâce à la lumière d'un lampadaire. Dans le panneau, un araignée énorme tisse sa toile devant des autocollants du Front National, très, très mauvais. Mon appareil-photo a rendu l'âme dans ma chute. Alors que j'inspecte les alentours en me disant que c'est perdu, qu'il ne me reste plus qu'à chercher un coin pour dormir, un couple, la cinquantaine, daigne arrêter leur auto. Ils m’emmènent jusqu’à la prochaine station, celle que je voulais rejoindre à pied à …54kms précisément. Je suis très reconnaissant de ces personnes qui ont osé s'intéresser à un inconnu estropié en pleine nuit et qui m'ont sorti du piège.
Dimanche 24h00, km 130, station Cosne s/ Loire (temps: 6 heures).
Je me traine comme je peux jusqu'à la station. Je vais me débarbouiller dans les toilettes et m'offre un bon café bien mérité. J'en profite pour demander aux clients s'ils n'iraient pas, par hasard, jusqu'à Paris.… Certains vont dans le sud, d’autres à côté de Paris…, d’autres à Paris mais préfèrent voyager seuls… Alors je vais dehors pour fumer quelques cigarettes en continuant mon sondage de destinations. Ah ! Je crois que c’est bon. Celui-là me dit qu’il va demander à ses amis s’il y a de la place pour ce pauvre autostoppeur égaré que je suis. C’est ce moment que choisit Hamid pour revenir avec sa camionnette. Il n’étais pas d’accord au début mais il a changé d’avis et me ramène à Paris. En plus, il est de Saint-Ouen et moi je crèche Porte de Clignancourt. N’est-ce pas extraordinaire ? On roule bien, très bien même et on sympathise. Il n’y a vraiment pas un chat sur cette route. A part un chevreuil sur le bas-côté.
A Nemours, Hamid ralentit, il regarde le rétro et dit : « La police ». Un contrôle froid avec lampe de poche. Au début, on veut m’empêcher de descendre et puis on finit par m’y autoriser. Hamid est fatigué d’être sans cesse contrôlé. On parle politique, de l’Espagne… Nous arrivons autour du périph’. Porte de Clignancourt, je suis arrivé. Hamid m’a sauvé ! Je descends en remerciant mon sauveur et me dirige vers mon chez-moi douillet avec grande difficulté.
Lundi 3h00, km 330, Porte de Clignancourt (temps: 9 heures)
Je suis chez moi! Avec une immense gratitude pour tous les humains qui restent sur les routes de France.

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Mise à Jour: 16 février 2008